Chère Margot,
Merci pour le livre « Une vie bouleversée » d’Etty Hillesum.
Je lis un recueil nourrissant par décennie. Et voilà que, dans ma cinquantaine avancée, ce journal biographique me tombe dans les mains grâce à toi. Il m’a tenu en éveil du début à la fin. Point n’est besoin de te dire que je l’ai acheté et que je recommence à le lire.
Comme nos vies sont étranges dans leur dessein! Etty ne savait certainement pas, au moment où elle vivait et écrirait ces pages qu’elle ouvrirait autour d’elle autant de portes. Ses fragments de vie intérieures demeurent à jamais en ma mémoire, surtout ceux qui sont imprégnés de la simplicité grandiose d’un cœur qui aime sans répit, au-delà de la haine et de l’incompréhension du monde.
Ces lignes se posent sur la trame profonde de mon être et participe au tissage de ma déitude. J’ai la nette impression ces dernières semaines, dans cette communion des âmes, que je me suis fait une amie. Ses penchants naturels, ses aspirations, sa recherche de vérité me ressemble étonnamment.
Dépouillée de toutes religions et traditions, elle se lance dans une plongée au centre de sa vie. Elle interroge constamment ses pensées et ses sentiments. Elle trouve sa Source, son Dieu dans la couche la plus profonde, la plus riche d’elle-même où elle apprend à s’agenouiller et se recueillir.
J’ai saisi Sa vérité qui est redoutable et fort engageante : dans son grand Silence, Dieu a besoin d’hommes et de femmes responsables. Il a besoin de chacun de nous.
« Tu te tais, mon Dieu, tu n’as que ma bouche pour crier, ma bouche pour parler, mes mains pour faire. »
C’est ainsi qu’elle s’est fait don généreux et visage rayonnant de son Dieu. Elle a retroussé ses manches et accepté de se forger à l’épreuve. De là, elle a choisi de servir et d’approfondir l’Amour. Elle s’est tenu debout, dans la boue et la fatigue, déterminée à aimer Dieu à travers ses frères et sœurs. Elle s’est hissée au-dessus des jugements et de la tentation de haïr. Elle se faisait simplement témoin de son époque.
Comme Etty Hillesum, je sais que tu peux dire de ta vie, chère Margot: « En dépit de tout, cette vie est belle et riche de sens ».
Puissions-nous aussi par notre écriture nous rapprocher du meilleur de nous-même.
Tous mes respects,
Francine